LETTRE À THATHANKA IYOTAKE

Catégorie : Dossier
Auteur : Virginia Pesemapeo Bordeleau

Cher Thathanka Iyotake, Je t’écris pour te mettre au parfum du monde après toi depuis ton départ vers les plaines du Grand Esprit. Je m’adresse à toi, car tu es l’icône rouge des colonisateurs. Tu te nommes Taureau Assis, et pourtant tu t’es tenu debout devant les Yankees. J’ai décrit quelque part ma vision de ce bison venu s’écraser devant ta mère qui, accroupie, te donnait naissance. Tu avais raison, Thathanka Iyotake, rien n’a changé depuis ton sacrifice : les plaines sont toujours envahies par leurs troupeaux, l’esprit du bison est encore brimé, clôturé, parqué. L’esprit du bison est drogué, soûl, gazé et roule à cent-mille à l’heure dans de vieilles voitures crevées qui empoisonnent l’air.  Les envahisseurs n’avaient plus besoin de nous, n’ont jamais eu besoin de nous sauf au début, pour les fourrures, pour notre connaissance des immenses territoires afin d’y pénétrer toujours plus profondément, toujours plus violemment. À une certaine époque, nous étions devenus un mythe, ancré dans leur histoire comme une inspiration, un idéal d’être humain ; ils aimaient que nous soyons enfermés dans leur histoire, dans leurs livres, que notre parole soit éteinte, inaudible.  Je t’ai même rencontré à Florence ! Tu trônais, superbe dans cette photo décorant la vitrine d’une boutique …

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Virginia Pesemapeo Bordeleau

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