Une apparition
Publié le 12 août 2023 par Mélikah Abdelmoumen
C’était en pleine pandémie, en mars 2021. Alors chroniqueuse à LQ, j’étais invitée à prendre part à une discussion autour d’un dossier intitulé « Femmes manifestes », dirigé par Vanessa Bell et Annabelle Moreau – elle était alors rédactrice en chef de la revue1. Virginia Pesemapeo Bordeleau y avait signé un texte qui m’avait fascinée. Elle se penchait sur la place grandissante (et marquante) occupée par les autrices autochtones dans notre paysage littéraire. « Je fais un lien entre la forte présence féminine dans la littérature des Premières Nations et l’observation de nos mères. L’écriture est la forme actuelle du partage des connaissances », écrivait-elle. Et un peu plus loin : algré les expériences traumatisantes apportées par le colonialisme, les peuples des Premières Nations ont accédé à une certaine écoute, à l’acceptation de leur existence. Dès lors, la parole des femmes peut s’engouffrer dans cette ouverture, comme un torrent libéré après une ère glaciaire2. Ces mots m’avaient frappée et émue. J’avais hâte de rencontrer celle qui les avait écrits et que, à ma grande honte rétrospective, je ne connaissais pas. * Née en 1951 à RapidesdesCèdres, c’est en tant qu’artiste visuelle (formée à l’Université du Québec en AbitibiTémiscamingue) que Virginia Pesemapeo Bordeleau, d’origines à la …