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Pas, nos pas

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Régimbald

Hiver 2006. Pour la première fois de ma vie,je sors du Québec (sauf si on considère de courtes vacances aux États-Unis, mais Old Orchard Beach, ça ne compte pas vraiment quand on y pense): dans le cadre d’un échange interuniversitaire, je termine mon baccalauréat en études littéraires et culturelles à Groningue, aux Pays-Bas. Je découvre un nouveau pays, une culture extrêmement riche et foisonnante, un nightlife débridé… Ainsi que des écrivain·es qui m’étaient jusqu’alors inconnu·es: Driss Chraïbi, Maryse Condé, Mohammed Dib, Assia Djebar, Édouard Glissant, Simone Schwartz-Bart…

Et Diane Régimbald.

Je rencontre Diane pour la première fois non pas
au Québec, mais à Groningue, dans le cadre d’une causerie organisée par Jeanette den Toonder et Jaap Lintvelt, professeur·es de français à l’Université de Groningue et principaux·les animateur·rices du Centre d’études canadiennes. Diane, qui est alors en résidence d’écriture à Amsterdam, parle de poésie comme elle seule sait le faire – avec ferveur et passion – et lit, visiblement émue par l’écoute attentive des membres de l’auditoire, des extraits de ce qui deviendra son recueil Pas, paru au Noroît en 2009. Un recueil sur la figure du père; un livre aussi sur le pas, la marche, comme geste poétique. Car lorsqu’on y réfléchit bien, la poésie, qui peut être définie de bien des façons, est avant tout mouvements: des motifs, des réminiscences, des mots, des sonorités, des vers, des strophes,etc.

Plus tard, au restaurant, Diane, lumineuse, rassembleuse, s’entretient avec les professeur·es, les étudiant·es et les autres personnes attablées, anime la discussion, écoute l’un·e, répond à l’autre, s’esclaffe, puis redevient sérieuse, le temps d’ajouter quelques réflexions sur la poésie.

Toujours, la poésie.

Une existence entièrement articulée autour de la poésie; une vie en poésie, en quelque sorte.

C’est ce que propose Diane.

C’est Diane.

Voilà qui force l’admiration.

Voilà également une raison plus que suffisante (il y en a tant d’autres) pour rendre hommage à cette grande écrivaine, qui pourrait très bien, forte de son œuvre accomplie, se reposer et couler des jours paisibles. Mais Diane, toujours, persiste et signe. À la fois lucide et inquiète, elle scrute le mal, l’horrible, tout en révélant ce qui se trouve au plus clair de la lumière, pour reprendre le magnifique titre de l’un de ses recueils. Jamais elle ne fléchit ni n’abandonne: elle s’intéresse aux différents aspects de la condition humaine – un travail minutieux et exigeant, un labeur infini – dans des textes formellement audacieux qui soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Et c’est tant mieux: la littérature n’est pas une panacée; elle doit plutôt nous sortir de notre quiétude, de notre zone de confort, et nous forcer à nous questionner, nous ébranler.

Avec Diane, fini l’immobilisme: nous sommes constamment en déplacement, en voyage, en exil – thématiques récurrentes dans ses ouvrages. Nous sommes bousculé·es, transporté·es, chaviré·es, renversé·es, mais jamais on ne perd de vue la beauté du monde, intrinsèque. Diane nous incite à la voir, à la dénicher.

À y croire encore.

À votre tour maintenant d’aller à la rencontre de Diane, de ses livres qui dressent un bilan sans concession de notre époque, et de vous plonger dans ces quelques articles qui jettent différents éclairages sur une œuvre capitale de la poésie québécoise contemporaine.

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