Aller au contenu principal

Écrivons-nous pour changer le monde?

Thématique·s
Thématique·s

«Écrivons-nous pour changer le monde? Pour toucher les autres humains? Ou pour adorer des statues? Et que perdons-nous quand nous faisons le pari qu’une idée se rendra plus loin si elle est portée par un homme seul?», écrit Valérie Lefebvre-Faucher dans le très beau Promenade sur Marx: du côté des héroïnes (Remue-ménage, 2020).

Parmi tout ce qu’on apprend dans ce livre passionnant, j’ai été particulièrement remuée par l’appel de l’écrivaine à oublier nos cupidités intellectuelles, notre attrait pour les auteurs seuls et statufiés; Lefebvre-Faucher nous invite à les remplacer par l’échange, la mise en commun, le partage des idées et des forces, la beauté des choses pensées ensemble.

C’est exactement dans cet esprit qu’Annabelle Moreau – au moment où elle s’apprêtait à me passer le relais en tant que rédactrice en chef de LQ – et moi, assistées par le comité de rédaction de la revue, avons conçu et imaginé le présent dossier. Réunir des essayistes et les faire échanger, partager, mettre en commun leurs idées et leurs forces, leurs questions, non seulement dans les pages de la revue, mais aussi en personne – comme en témoignent les magnifiques photos et la couverture signées Benoît Erwann Boucherot (Studio BRW).

Ainsi, nous avons invité onze auteurs et autrices qui comptent, de diverses origines et générations, à écrire à partir de cette phrase de Valérie Lefebvre-Faucher, «Écrivons-nous pour changer le monde?», et à nous parler de leur rapport puissant et singulier à l’essai, qui semble ces dernières années avoir le vent en poupe au Québec. Frédérique Bernier, Rosa Pires, Dalie Giroux, Nicolas Lévesque, Étienne Beaulieu, Yvon Rivard, Marco Micone, Maïka Sondarjee, France Théoret, Pascale Navarro et Mathieu Bélisle ont tous et toutes accepté le défi de l’écriture d’un micro-essai portant sur un sujet infiniment vaste. Leur rencontre dans ces pages porte la marque d’une complicité, d’une solidarité, à la fois galvanisantes et émouvantes. À leurs côtés sur les photos, et un plus loin dans ce numéro, l’essayiste et éditeur Mark Fortier signe «Pense-bête», une nouvelle chronique de notre cahier Vie littéraire.

S’ajoute à ces onze micro-essais une lettre de l’écrivaine Ayavi Lake à feu Serge Bouchard. Immigrée au Québec depuis le Sénégal, puis la France, elle dit combien la voix radiophonique comme la voix littéraire du mammouth laineux ont été des moteurs et des outils d’intégration, de sécurité, voire d’enracinement. Jean-Philippe Pleau, pour sa part, signe une lettre d’amour, non dépourvue d’un savoureux humour, aux essayistes et à ceux qui les publient courageusement, avec passion et fougue, loin des impératifs de la pensée rapide et des instantanéités à la mode.

Valérie Lefebvre-Faucher ne pouvait pas se joindre aux voix de ce numéro, mais elle a accepté avec grâce et générosité non pas d’être la muse des collaborateurs et des collaboratrices – ce serait aller à l’encontre de tout ce qu’elle défend dans l’ensemble de son travail! –, mais plutôt d’être quelque chose comme leur hôtesse, celle qui invite par ses mots à se joindre à un collectif, une «fraternité-sororité» qui met les idées et les questions, les doutes et les rêves, les projets et les espoirs en commun. Elle était dans nos pensées à chaque étape de la réalisation de ce dossier. LQ, Annabelle Moreau et moi la remercions.

Auteur·e·s
Type d'entité
Personne
Fonction
Auteur
Article au format PDF