Pour la littérature

Éditorial | Mégane Desrosiers et Nicholas Giguère

À l’automne 2024, Mélikah Abdelmoumen, alors rédactrice en chef de Lettres québécoises, a amorcé un processus de « déhiérarchisation » de la revue. Dès lors, nous nous dégagions concrètement de la structure traditionnelle des périodiques. La réflexion de Mélikah et l’éditorial de cette dernière, paru dans le numéro 195 (décembre 2024) de LQ, ont pour ainsi dire officialisé ce que nous faisions déjà à la revue : travailler en équipe, dans le plus grand respect des un·es et des autres.

Encore aujourd’hui, nous aimons imaginer LQ comme un lieu rassembleur où chaque personne impliquée a son mot à dire, est écoutée et appréciée à sa juste valeur.

Au moment où vous lirez ces lignes, vous aurez certainement appris que nous reprenons avec plaisir le flambeau que Mélikah Abdelmoumen nous a tendu – un flambeau qui brille de mille feux – et que nous assurons désormais, en tandem, la rédaction en chef de LQ.

Purs produits de départements d’études littéraires d’universités québécoises, assoiffé·es de lecture, de création et de poésie, tous·tes deux écrivain·es, nous vivons par et pour la littérature. Littéralement. Nous croyons en son pouvoir démystificateur et salvateur, en sa capacité à nous émouvoir, à nous bouleverser. Nous croyons tout autant en ses auteur·rices, ses éditeur·rices : nous voulons les appuyer, les soutenir, accompagner leur travail incomparable et l’amener jusque dans l’espace public.

C’est ce que nous voulons faire – et bien plus encore, si le temps nous le permet – durant notre directorat à LQ.

Fort·es de nos nombreuses années d’expérience dans le milieu littéraire – Mégane en tant que libraire et critique ; Nicholas comme directeur du cahier Critique de LQ depuis 2019 –, nous entendons, à l’instar de nos prédécesseuses Annabelle Moreau et Mélikah Abdelmoumen, poursuivre la grande mission de LQ, soit la promotion et la défense de la littérature québécoise, tout en ajoutant notre palette de couleurs au périodique. Ainsi, nous avons pour premier objectif de nous centrer sur la revue et de bonifier certains de ses cahiers, notamment « Vie littéraire » et « Création ». Selon nous, de telles sections trouvent leur singularité et leur pertinence dans la qualité et la diversité des textes qu’elles mettent de l’avant. Nous souhaitons élargir les horizons de la création littéraire en accueillant d’autres genres parfois oubliés, et pourtant féconds, comme le journal et la correspondance. Puisque nous sommes des poètes, inutile de dire que la poésie aura la part belle à LQ. De nouvelles chroniques risquent également d’apparaître au fil des prochains numéros, entre autres dans la section « Vie littéraire ». Nous rêvons aussi d’un cahier Critique plus étoffé qui, en continuité avec les idées avancées dans notre « Manifeste LQ pour une critique libre », publié en 2022, donnera à lire des recensions rigoureuses et sans complaisance, en contrepoids à ce qu’offrent les médias traditionnels. Les prochaines années ont même en réserve un dossier complet consacré à l’épineuse question de la critique littéraire. Non seulement nous osons rêver, mais nous comptons aussi nous donner les moyens de nos rêves et de nos ambitions.

Nous vous réservons également de belles surprises, dont un projet ambitieux qui alliera poésie et photographie et qui mettra en valeur l’œuvre d’Alain Lefort, collaborateur de longue date à LQ. Nous préparons aussi les noces d’or de la revue : en effet, LQ célébrera ses cinquante ans en 2026. Année de festivités « lqiennes », dossier spécial, numéro hors série, plongée dans nos plus anciennes archives : cinquante ans, c’est plus que digne de mention…

Tout cela pour vous dire que nous acceptons avec humilité – une qualité bien rare de nos jours – le poste qui nous est offert et que nous ferons tout en notre pouvoir pour faire briller et défendre cette « littérature qui se fait », pour reprendre la magnifique expression de Gilles Marcotte ; cette littérature québécoise qui se fait sous nos yeux grâce au travail acharné de ses artisan·es.