30 souvenirs, entre 0 et ∞
Mélina Rioux, Cégep de l’Outaouais
Premier roman de Louis-Daniel Godin, Le compte est bon se révèle une exploration poétique et désarmante de l’identité et de la mémoire, chaque décompte invitant le lecteur à plonger dans le passé de son narrateur.
La trame autofictive de ce récit dévoile une kyrielle d’anecdotes issues de la mythologie familiale de l’auteur, qui tente de déchiffrer les écarts au sein de sa réalité et dénombre les dettes reliant les divers individus. Mettant en scène un narrateur qui bute contre les incohérences et les illogismes de son monde, Le compte est bon s’avère la parabole d’une perpétuelle quête de sens. Ce récit présente une organisation croissante plutôt que chronologique de trente souvenirs, chacun étant associé à un chiffre, et déploie des thèmes aussi riches que variés, allant de l’adoption à la précarité, en passant par la culpabilité et l’amour.
Par son rythme effervescent et son oralité frappante, Le compte est bon laisse le lecteur en apnée du début à la fin. Avec l’emploi d’un efficace dispositif de répétitions, Godin développe la psyché du narrateur en jetant un regard perspicace sur les dynamiques familiales et en présentant cette idée «d’être quitte avec la vie», qui guide le narrateur dans sa quête de remboursement de la dette contractée envers sa mère, qui l’a adopté à l’âge de cinq jours.
Répertoire des contradictions de la vie, Le compte est bon comptabilise avec génie les coïncidences qui se multiplient et les réflexions philosophiques sur l’évolution vers le « soi ».
Oscillant entre les époques et les états d’âme du narrateur, le lecteur est invité à s’enfoncer dans un univers profondément ancré dans la culture québécoise des années 1990, l’auteur évoquant entre autres l’émission Des chiffres et des lettres et la chanson C’est zéro, de Julie Masse. Godin propose en effet un jeu littéraire ambitieux dans lequel ces références, viscéralement marquantes, s’entremêlent avec les fondements de son identité en construction. En faisant état des écarts entre son passé et son présent, entre « l’adulte et l’enfant, la voix et la main », l’auteur se dessine comme un être profondément humain.
Répertoire des contradictions de la vie, Le compte est bon comptabilise avec génie les coïncidences qui se multiplient et les réflexions philosophiques sur l’évolution vers le « soi ».
Le compte est bon, Louis-Daniel Godin
Le compte est bon chez Les Libraires
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